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Aristides de Sousa Mendes, le consul portugais de Bordeaux


Aristides De Sousa Mendes, 1940  ·  ©  Auteur inconnu / Comité Sousa Mendes, Famille de Sousa Mendes - Panama production
Aristides De Sousa Mendes, 1940  ·  ©  Auteur inconnu / Comité Sousa Mendes, Famille de Sousa Mendes - Panama production

De par son audace ainsi que son humanité, Aristides de Sousa Mendes, Consul du Portugal à Bordeaux, ayant désobéi à son propre pays, aura marqué l’histoire. Juin 1940, bien plus qu’un homme, il fut un héros aux yeux de milliers de personnes juives et non-juives. Laissant un signe grandiose de son passage sur Terre en sauvant de nombreux innocents des mains de l’Allemagne nazie, son acte de bravoure est encore à ce jour remémoré.



Aristides de Sousa Mendes : un homme consulaire…


Près de Viseu, dans un petit village connu sous le nom de Cabanas de Viriato au Portugal, Aristides de Sousa Mendes naît le 19 juillet 1885 et grandit au sein d’une famille catholique de la noblesse portugaise.


Issu d’un parcours académique enrichi et centré sur le droit, il est diplômé à l’Université de Coimbra en 1907 au côté de son frère jumeau César de Sousa Mendes. Tous décident de tracer leur propre chemin. Tandis que César suit une carrière diplomatique, Aristides se tourne vers une carrière consulaire. Il occupera de nombreuses délégations du consulat portugais autour du monde, notamment au Brésil, en Belgique et aux États-Unis.


Derrière son image professionnelle, Aristides de Sousa Mendes fut également un père de famille. Toujours à proximité de sa femme et de ses 14 enfants, il assurait un enrichissement culturel pour ces derniers en leur fournissant différents apprentissages, dont la peinture, le dessin et la musique.


En 1938, l’arrivée du consul portugais au côté de sa famille, sur les terres françaises, allait laisser une trace mémorable de son passage dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Dès lors que l’homme fut nommé consul à Bordeaux par Antonio de Oliveira Salazar, président du Conseil et ministre des affaires étrangères, la guerre s’abat sur l’Europe quelques temps plus tard.



…qui deviendra un modèle exemplaire d’humanité et de courage


Les premiers signes de la Seconde Guerre mondiale se ressentent dans l’atmosphère européenne. En 1940, l’impact de l’Allemagne nazie avec le Führer au pouvoir sur les citoyens, principalement la communauté juive, a fragilisé tout espoir de liberté pour l’humanité.


Le commencement de la Seconde Guerre mondiale : des civils en fuite encerclés par des exigences dans les frontières


Commence alors l’exode de centaines de milliers de personnes dans plusieurs pays dont le but principal est d’échapper à l’invasion allemande. Parmi ces pays, la France est notamment concernée. De nombreux civils se déplacent vers le sud, cherchant sans relâche à rejoindre le Portugal, via l'Espagne. Mais en vain, face à un régime franquiste pensé et contrôlé par Francisco Franco, homme d’État espagnol soutenant les puissances de l’Axe, leur exode n’est pas de tout repos.


La situation est également problématique au Portugal. Bien que le pays ne s’oppose pas formellement à l’arrivée de réfugiés en ces temps difficiles, le gouvernement portugais met tout de même en place un contrôle assidu et une limitation des entrées. Cela s’attache notamment aux représentants consulaires portugais présents dans les alentours, qui devaient suivre ces exigeantes procédures, dont l’obligation de demander une autorisation préalable à Lisbonne avant l’obtention d’un visa.


Aristides de Sousa Mendes face à des familles en détresse


Bien que le consul portugais de Bordeaux soit conscient de la politique migratoire donnée par son gouvernement en temps de guerre, l’homme décide de passer outre tout cela, dont la circulaire du 11 novembre 1939 éditée par le dictateur Antonio de Oliveira Salazar interdisant aux Juifs, aux apatrides et aux opposants politiques d’entrer au Portugal.


C’est alors que de Sousa Mendes décide courageusement de devenir une personne laissant son âme humanitaire le guider dans ses gestes.


Il assiste avec peine à la débâcle de 1940, avec près de 8 millions de civils tentant de franchir toutes les frontières visibles, dont hollandaises, belges et françaises.


Se précipitant tous vers le sud de la France, et face à l’urgence et la peur dans le regard  des familles en vue de la barbarie de l’Allemagne nazie, Aristides de Sousa Mendes décide de tamponner et de délivrer autant de visas que possible, tout particulièrement à des familles juives, qui en font la demande pour rejoindre le Portugal. L’objectif second pour ces civils en fuite serait de traverser l’Atlantique et de rejoindre le Nouveau Monde, où le danger serait lointain.


« Désormais, je donnerai des visas à tout le monde, il n'y a plus de nationalité, de race, de religion. » - Aristides de Sousa Mendes

Sauver des vies au prix de perdre ses fonctions de consul


L’action sera régulière : Aristides de Sousa Mendes aurait octroyé 30 000 visas dont 10 000 de confession juive.


Seulement, le geste de l’homme ne passera pas inaperçu. Aristides de Sousa Mendes fut alors convoqué à la frontière par l'ambassadeur du Portugal à Madrid. En aidant de nombreux civils à fuir la guerre, l’homme a perdu ses fonctions au nom de Salazar.


Par la suite, il est traduit devant le Conseil de discipline à Lisbonne et sera accusé de désobéissance, préméditation, récidive et cumul d’infractions.


Ces conséquences fâcheuses mèneront Aristides de Sousa Mendes à la retraite après 30 ans de service, privé de tout revenu et de pension de retraite. C’est dans la pauvreté que l’homme courageux meurt en 1954.



La mémoire d’un homme « Juste parmi les Nations »


Ce n’est que plusieurs années plus tard, en 1966, que le départ sans retour et les actes humanitaires de Aristides de Sousa Mendes seront honorés. En Israël, il sera considéré comme l’un des « Justes parmi les Nations ».


En ce qui concerne son pays d’enfance, le Portugal, ce n’est qu’à la fin des années 80 que son histoire a pu être connue du public, quand l’homme a été enfin réhabilité par la république portugaise.


Aristides de Sousa Mendes restera, un exemple de courage et de compassion pour l'humanité. Il a su imposer sa force d’agir en s’appuyant sur ses propres valeurs et sur la conscience impérative du respect de la dignité humaine. 

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