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Femmes émancipées et hommes désespérés : le débat de l’émancipation féminine dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale


Résistants du mouvement Défense de la France, Maquis de Seine-et-Oise, Michel Danchin et Christiane Parouty  ·  ©  Auteur inconnu / Fondation de la Résistance - Défense de la France
Résistants du mouvement Défense de la France, Maquis de Seine-et-Oise, Michel Danchin et Christiane Parouty ·  ©  Auteur inconnu / Fondation de la Résistance - Défense de la France

Dès la Grande Guerre, l'émancipation féminine est indispensable. Quand les hommes partent à la guerre, les femmes ne restent pas inactives, chacune à leur manière. Les « munitionnettes », les conductrices de tramway et les « marraines de guerre » constituent quelques exemples de cette émancipation. Déjà depuis la Grande Guerre, il y a une sorte d'évolution vers l'égalité entre les deux sexes. L'éclatement de la Seconde Guerre mondiale engendre des bouleversements considérables, notamment après la défaite. À partir de ce moment, les femmes s'engagent plus que jamais.



L’émancipation des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale


Pendant la Seconde Guerre mondiale, les femmes se mobilisent autant que les hommes. Bien que la présence de femmes en armes soit limitée, la majorité d'entre elles se dédie aux rôles de soutien, tels que les fonctions de cuisinières, infirmières, et autres métiers auxiliaires. Certaines s’engagent dans la Résistance.


Les résistantes


Il est important de souligner que les femmes ont été les premières à répondre à l'appel du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle. Ainsi, elles choisissent de s'engager en Angleterre, et décident de quitter la France pour le rejoindre à Londres. Il est également important de souligner la présence de femmes incitatrices dans la constitution de groupes résistants, notamment Lucie Aubrac, qui s'illustre avec La dernière colonne, ainsi que Marie Eude avec Franc-Tireur.


Les « ménagères »


Les ménagères, associées aux femmes qui s’occupent de leur foyer, font leur propre résistance au sein du régime de Vichy. En effet, le gouvernement de Vichy impose ce rôle aux femmes afin d’éviter leur émancipation. Vu qu'au cours de la Grande Guerre des dizaines d'hommes sont tués, le gouvernement de Vichy impose aux femmes de rester à la maison et de donner naissance aux enfants. Quoi qu'il en soit, la devise du gouvernement de Vichy est la suivante : «Travail, Famille, Patrie». En outre, afin de persister sur le rôle du femme au foyer, il invente la Journée des mères. Néanmoins, les femmes n'acceptent pas ce rôle et se manifestent contre la pénurie et le rationnement imposés par le régime de Vichy. Elles rejettent l'état alimentaire imposé et se défilent de leur propre gré.



Le point de vue des hommes par rapport à la participation des femmes à la guerre


Réaction positive


Le général Leclerc, tacticien hors pair sur les champs de bataille, est un des premiers à porter un point de vue positif sur la participation des femmes à la Seconde Guerre mondiale. En effet, après avoir évalué la compétence de 14 volontaires, elles sont acceptées au sein de la 2e Division Blindée (unité militaire équipée de véhicules terrestres blindés). De plus, il appuie leur nécessité, leur bravoure et leur détermination pour la réussite de l'opération. Par ailleurs, le général de Gaulle, tout aussi enthousiaste à la présence des femmes sur le terrain, favorise leur participation à la Résistance en créant le « Corps féminin de Volontaires Françaises ».


Réactions approbatrices, mais limitées


Le général Merlin, fondateur du corps féminin des transmissions, considère que les femmes possèdent de nombreuses valeurs morales et compétences techniques. Toutefois, il est persuadé de leur infériorité vis-à-vis des hommes, et préconise qu’elles se consacrent à des tâches auxiliaires.


Réactions négatives


L’opinion commune est plutôt défavorable à l’égard de la contribution féminine durant la guerre. En effet, il s’agit d’un débat plus profond concernant deux sexes opposés. L'idée que les femmes puissent dominer dans la sphère sociale engendre la peur chez les hommes. En conséquence, ils mettent à jour plusieurs lois à travers lesquelles le corps féminin reste sous leur contrôle. Par exemple, le 2 avril 1941 la loi qui interdit le divorce entre les couples est publiée.    



L’impact de l’émancipation féminine après la guerre


L'épuration


Le jour de la Libération arrive en France et la joie du peuple est immense. Afin que la France se positionne du côté des gagnants, il est nécessaire de mettre fin à toute forme de collaboration avec les Allemands. Un exemple de cette coopération constitue les relations amoureuses et/ou sexuelles entre les Françaises et les Allemands. Les Français, convaincus que le corps féminin les avait trahis, se sentent désireux de vengeance. À cette fin, la chevelure d’environ 20.000 femmes est rasée. En outre, la tonte est accompagnée d’une exhibition de la femme, humiliée, marquée d’une croix gammée et parfois dénudée. Tout cela se passe dans un espace public afin que la foule soit présente. Cette humiliation ne vise qu’à réaffirmer la virilité et le pouvoir des hommes. Effectivement, après la défaite du pays, les hommes se sont sentis méprisés et impuissants, mais suite à la Libération, ils retrouvent leur masculinité et l'expriment à travers ces avilissements.


Le droit de vote accordé aux femmes


Ce droit est octroyé aux femmes par le général de Gaulle le 21 avril 1944, avec les mêmes conditions que celles des hommes, à la suite de leurs nombreuses preuves d’engagement et de courage dans leur contribution pour la Libération. Elles votent pour la première fois un an plus tard, à l’occasion des élections municipales les 29 avril et 13 mai 1945.


Reconnaissance de la contribution féminine après la guerre


À la fin de la Seconde Guerre mondiale, des attributions symboliques ont été offertes aux héroïnes et aux héros de la Libération. Concernant les femmes, bien qu'elles soient nombreuses, peu ont obtenu le médaille de la Résistance, et seulement 6 contre 1.038 hommes se sont vues remettre la croix de la Libération, une récompense pour les individus qui ont aidé à la libération du pays, remise par le général de Gaulle. Le 27 mai 2015, Germaine Tillion et Geneviève De Gaulle-Antonioz, deux figures de la Résistance, ont reçu l’Hommage de la Nation et reposent désormais au Panthéon.



Bouleversement des rôles après la fin de deux guerres


Pour conclure, la fin de la Seconde Guerre mondiale s’appuie sur la contribution des femmes et des hommes pour la libération de leur pays. À travers cet article, l’accent a été mis sur les actions des femmes durant le conflit ainsi que sur la perception de leur rôle par les hommes. Néanmoins, l’enjeu est plus profond et concerne non seulement l’égalité, mais également les fonctions de chacun, bouleversées à la suite de la guerre. Ainsi, la longue voie pour la conquête des libertés féminines est ouverte.


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