L’enfant-soldat, Seryozha Aleshkov : le plus jeune soldat de la Seconde Guerre mondiale
- Angèle Delattre
- 18 juin
- 3 min de lecture

Le 22 juin 1941, lorsqu'Adolf Hitler a déclenché l'opération Barbarossa aux alentours de trois heures du matin, le jeune Seryozha Aleshkov, qui n'avait alors que cinq ans, a vu sa vie être bouleversée. En effet, moins d'un an plus tard, lors de l'été 1942 à Gryn, un village près de Moscou, son grand frère Petya est capturé et exécuté par les troupes allemandes. Par conséquent, sa mère qui a essayé d'intervenir est abattue sur-le-champ. Seryozha, désormais orphelin, est épargné.
L’opération qui a tout changé
La plus grande invasion terrestre de l'Histoire vient de débuter le 22 juin 1941, à 1000 kilomètres du hameau tranquille où réside la famille Aleshkov : c'est l'opération Barbarossa. Adolf Hitler, qui ne tient pas compte du traité de non-agression signé avec Staline un an auparavant, envoie alors près de trois millions et demi de soldats allemands sur l'URSS. Par conséquent, Staline, lors d'un discours radio diffusé le 3 juillet 1941, convoque tous les hommes compétents pour combattre, y compris Ivan et Andreï, les deux frères aînés de Seryozha.
Les 5,3 millions de soldats ne suffisent pas, en quelques mois, les Panzerdivisionen du IIIe Reich traversent la Pologne, l'Ukraine, la Biélorussie et, fin 1941, se rapprochent de Moscou.
Les troupes allemandes détruisent tout sur leur passage. L'un d'entre eux a déclaré : « Il faut nettoyer chaque maison à la grenade. En une heure, le village s’est transformé en un océan de flammes. Nos soldats détruisent et tuent sans merci. » Dans le même temps, derrière les lignes de front, les Einsatzgruppen exterminent Juifs, résistants et membres du parti communiste.
Les conséquences de la guerre sur la famille Aleshkov
Il reste pendant plusieurs jours dans cette forêt, affaibli par la faim et la soif, il mange ce qu’il trouve, baies, champignons et pommes de terre, pour survivre. Le jeune garçon retient son souffle alors qu’il entend un bruit très inhabituel. Il a peur quand soudain, il tombe nez à nez avec les éclaireurs du 142e régiment de la 47e division de fusiliers de l’armée rouge en patrouille dans la forêt. Ils l'enroulent dans une couverture, lui donnent de quoi boire et le conduisent dans leur quartier général pour le présenter au commandant Mikhail Vorobyov, leur supérieur.
L’enfant est ainsi nourri et soigné, et le commandant qui se prend d’affection pour lui décide de le prendre sous son aile.
Une âme de héros dans un corps d’enfant
Le 8 septembre 1942, il est officiellement membre du 142e régiment de la 47e division de fusiliers de l’armée rouge et est appelé « le fils du régiment ». C'est le soldat le plus jeune de la Seconde Guerre mondiale. Évidemment, il lui est interdit de se rendre au front ; ainsi, il se rend utile autrement : il apporte des munitions, livre des courriers et des journaux aux soldats, il chante, lit des poèmes pour entretenir le moral des troupes.
Le 7 novembre 1942, Aleshkov, en patrouille aux environs de Stalingrad, aide à neutraliser deux Allemands cachés dans une botte de foin, dont le but était d’envoyer des informations sur les positions soviétiques afin de calibrer les tirs d’artillerie.
Une fois la bataille de Stalingrad terminée, le commandant Vorobyov, n’ayant pas d’enfants, décide d’adopter Seryozha. Le 27 avril 1943, le jeune garçon reçoit la médaille pour le courage militaire après avoir sauvé, quelques temps plus tôt, son père adoptif, enseveli sous les débris de leur abri ayant été bombardé par des avions.
Plus tard, sur ordre du général Tchouïkov, Seryozha Aleshkov commence sa scolarité à l’école militaire Souvorov de Toula, en Russie. Il a alors 7 ans et est le plus jeune de cette école prestigieuse.
« Cher Papa, J’étudie bien. Les professeurs sont contents. Vous me manquez vraiment. Il y a beaucoup d’enfants d’officiers comme moi ici. Certains papas ont succombé au front. Nous sommes amis les uns avec les autres, nous lisons vos lettres tous ensemble, à voix haute, et nous attendons toujours avec impatience les nouvelles du front. Parlez-moi de vos dernières batailles. Salutations de mes camarades. » – Lettre de Seryozha à son père adoptif
Après la guerre, le jeune garçon continue ses études à l’école militaire et poursuit ensuite des études supérieures en droit pour devenir avocat.
Malheureusement, la guerre a laissé des traces et la santé d'Aleshkov est vacillante. Fumeur depuis sa jeunesse, il meurt subitement d’un arrêt cardiaque le 1er février 1990, âgé de 53 ans.
Son histoire a depuis été reprise dans le film Soldier Boy sorti en 2019, réalisé par Viktoria Fanasiutina.