L’incendie du Reichstag est un incendie criminel qui s'est déroulé dans la nuit du 27 au 28 février 1933 à Berlin. Il a été causé par Marinus van der Lubbe, un jeune communiste originaire des Pays-Bas.
Cet incendie intervient à l'approche des élections législatives du 5 mars 1933. Le parti nazi utilisera cet acte criminel pour accroitre son pouvoir notamment par la proclamation du Reichstagsbrandverordnung, un décret du président du Reich pour la protection du peuple et de l'Etat.
Contexte
Le 30 janvier 1933, Hitler accepte le poste de chancelier du Reich. Très vite, il exige que de nouvelles élections législatives se tiennent. Ces nouvelles élections n'ont qu'un seul but pour Hitler : renforcer le pouvoir du parti nazi au sein du gouvernement car son parti ne comprend que deux ministres.
Le 1er février 1933, Paul von Hindenburg, président du Reich, signe le décret de dissolution des chambres et organise de nouvelles élections qui se tiendront le 5 mars 1933.
La campagne électorale se déroule dans un climat de peur et d'intimidation instauré par le parti nazi. Le nouveau chancelier fait censurer les journaux qui critiquent le gouvernement et interdit les rassemblements publics dans certaines localités. Les membres de la SA, organisation paramilitaire du parti d'Adolf Hitler, perturbent les réunions électorales des adversaires politiques du parti nazi et violentent les opposants.
L'incendie
Dans la nuit du 27 au 28 février 1933, aux environs de 21h00, un jeune homme s'introduit dans le parlement allemand situé à Berlin, appelé Reichstag.
Il met le feu à plusieurs pièces dont la salle des débats qui contient un grand nombre de tentures et boiseries qui s'enflamment facilement. Sous l'effet de la chaleur, la coupole en verre explose et crée un appel d'air qui transforme l'incendie en un brasier.
Aux environs de 21h15, un passant entend le bruit d'une vitre brisée, puis alerte le gardien qui aperçoit une silhouette courant et boutant le feu à l'intérieur du bâtiment.
Les pompiers et la police arrivent rapidement sur place et constatent de nombreux départs de feu.
Le suspect
Arrestation
Soudain, la police découvre un homme sortant de l’une des salles du bâtiment, complètement perdu avec un regard halluciné. Il se laisse arrêter sans résistance.
Les services de police découvrent qu'il s'agit de Marinus van der Lubbe, un jeune communiste internationaliste originaire des Pays-Bas.
Rapidement, il passe aux aveux et justifie son acte comme un geste de protestation. Il explique avoir agi seul.
Les autorités vont découvrir qu'il est à l'origine de deux autres départs de feu rapidement maîtrisés dans la nuit du 25 au 26 février 1933.
Peu de temps après, un Comité International Van der Lubbe est créé pour défendre l’incendiaire. En France, ce sont les militants André Prudhommeaux et Alphonse Barbé qui sont à l’origine de la campagne pour la défense de Marinus Van der Lubbe qui est vu comme étant un des premiers résistants anti-nazi.
Procès de Leipzig
Le 21 septembre 1933, à Leipzig, s'ouvre le procès de l'incendie, devant la plus haute juridiction en Allemagne, le Reichsgericht.
Les accusés sont Marinus van der Lubbe, Ernst Torgler (président du groupe communiste au Reichstag) et trois communistes bulgares actifs au moment de l'incendie Vasil Tanev, Georgi Dimitrov et Blagoi Popov.
Le président du procès est Wilhelm Bünger, un magistrat expérimenté avec une longue carrière politique derrière lui sous le parti conservateur DVP. Bünger a été également pendant sa carrière politique ministre de la Justice du Land de Saxe. Il n'est pas membre du parti nazi.
L'avocat général est affilé au NSDAP, Parti national-socialiste des travailleurs allemands.
Les deux principaux acteurs du procès veillent à ce que les règles de droit et la procédure soient strictement respectés malgré le caractère politique du procès.
Le réquisitoire initial prévoyait la peine de mort envers les cinq accusés. A la fin du procès, le réquisitoire est révisé et prévoit la condamnation à mort de Marinus van der Lubbe et Ernst Torgler. A la suite de la décision finale du tribunal, seul Marinus van der Lubbe est condamné à mort. Il sera guillotiné le 10 janvier 1934.
Exploitation de l'incendie par les nazis
Les responsables nazis veulent utiliser le procès comme une réaction envers l'agression effectuée par les communistes. Ils s'appuient sur les médias pour donner un retentissement international au procès.
Lors du procès, 82 journalistes de la presse internationale et 42 de la presse et radio allemandes sont accrédités par les autorités. L'événement est retransmis en direct à la radio grâce à l'installation de micros dans la salle du tribunal.
Georgi Dimitrov, au cours de sa détention, étudia le code pénal allemand, ce qui lui permit d'assurer lui-même sa défense sans l'aide d'un avocat.
Lorsque commence l'interrogatoire de Dimitrov, le jeune homme se transforme d'accusé en accusateur. Il réussit a transformé le procès en une tribune antinazie. L'accusé réussit à faire convoquer comme témoin Herman Göring en tant que ministre-président de la Prusse et Joseph Goebbels en tant que Gauleiter de Berlin. Très rapidement, la retransmission radiophonique est arrêtée.
L'opération de propagande organisée par les nazis a été un véritable échec.
Face au « fiasco judiciaire absolu », les nazis créèrent en 1934 une juridiction d'exception, le Volksgerichtshof.
Conséquences
L'incendie du Reichstag marque le début de la dictature nazie notamment avec la proclamation de la Reichstagsbrandverordnung par Hitler. La Reichstagsbrandverordnung suspendra la quasi-totalité des libertés civiles et politiques établies par la Constitution.
Cet évènement créé une importante répression de la part des autorité allemandes notamment avec l'arrestation de milliers de communistes en Allemagne.
L'incendie va engendrer un conflit entre les communistes, qui croient que l’incendie est un complot nazi visant à créer un prétexte pour déclencher une vague de répression, et les nazis.
Cette nuit du 27 février 1933 sera à l’origine d’une nouvelle loi en Allemagne, la Lex Van der Lubbe qui autorise que la peine de mort soit faite par pendaison alors que selon les dispositions du code pénal du Reich en vigueur, la peine de mort devait être exécutée par décapitation seule.