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La Gleichschaltung

Photo du rédacteur: Alexis KicaAlexis Kica

Hermann Göring lors de son témoignage au procès · © Robert Sennecke / Wikimedia Communs

La Gleichschaltung (en français : " mise au pas ") est le procédé mis en œuvre par le parti nazi de 1933 à août 1934 dans le but de concrétiser le mythe de la " communauté populaire ". Ce processus touche tous les domaines de la société (politique, économie, religieux, culturel) et impacte l'ensemble de la population allemande. Il vise notamment à éliminer l'opposition réelle ou potentielle au parti nazi et respecte l'idéologie du parti : l'antisémitisme.


La Gleichschaltung est mise en œuvre dès l'arrivée des nazis au pouvoir via le développement d'un appareil répressif, des outils législatifs et réglementaires et la création d'organisations destinées à encadrer tous les secteurs de la société. Les moyens employés sont la séduction, l'intimidation ou la terreur.



Contexte


Depuis janvier 1933, le pouvoir en Allemagne appartient aux nazis notamment avec la nomination d'Adolf Hitler au poste de chancelier du Reich par le président Paul von Hindenburg.


Peu de temps après l'arrivée des nazis au pouvoir, le nouveau chancelier doit faire face à un événement majeur en Allemagne : l'incendie du Reichstag, qui se déroule au cours de la nuit du 27 au 28 février 1933.


Le parti nazi profite de cet incendie pour adopter, dès le lendemain, la Reichstagsbrandverordnung, décret du président du Reich pour la protection du peuple et de l'État allemand qui restreint les libertés fondamentales et individuelles.



La " mise au pas " de la société allemande


A partir de l'adoption de la Reichstagsbrandverordnung, la mise au pas de la société allemande commence.


NSDAP, un parti unique


Dans un premier temps, de mars à mai 1933, les partis politiques de gauche comme le KPD ou SPD sont les premières victimes du processus. Leurs militants sont envoyés par milliers dans les camps de concentration tels que Dachau ou Papenburg. On comptabilise près de 25 000 personnes arrêtées et classées comme " opposants politiques ".


La totalité des partis gauchistes allemands sont dissolus le 22 juin 1933.


Moins d'une semaine après la disparition de ces derniers, le parti conservateur DNVP (parti populaire national allemand) subit le même sort à la suite de la démission de son président Alfred Hugenberg, tout comme le Deutsche Staatspartei (parti démocrate allemand).

D'autres partis sont dissous par leurs propres moyens comme par exemple la Deutsche Zentrumspartei, parti représentant les idées catholiques en Allemagne.


La loi du 14 juillet 1933, fait du NSDAP, un parti unique et prohibe la création de nouveaux mouvements politiques.


La prohibition des syndicats et la réorganisation du travail


De même que les partis politiques, les syndicats de travailleurs sont la cible du gouvernement allemand. Ces organisations sont dissoutes et leurs dirigeants sont pour la plupart arrêtés.


Dans les services publics, les fonctionnaires allemands subissent une épuration idéologique, ce qui permet aux nazis de s'assurer une fidélité sans faille de leurs employés. En parallèle, toutes les professions privées font l'objet d'un encadrement par des membres du NSDAP.


En avril 1933, afin de remédier aux dissolutions de partis politiques, Hitler décide de mettre en place le Deutsche Arbeitsfront, (en français : " Front allemand du travail ") pour tenter d'insérer les anciens membres des partis gauchistes dans le nouveau régime.


Le 10 mai 1933, Adolf Hitler prononce un discours à Berlin, à l'occasion du premier congrès du Front allemand du travail. A la fin de sa prise de parole, l'organisation qui est placée sous son patronage, se voit fixer des modalités concernant la fusion des différents organes destinés à composer le Deutsche Arbeitsfront.


Le 2 mai 1933, deux organisations sont formées : l'Association générale des travailleurs allemands dirigée par le président du NSBO, ​​​​Walter Schuhmann, et l'Association générale des travailleurs allemands dirigée par Albert Forster.


Le contrôle total de la société allemande par les nazis


En parallèle des mesures visant les partis politiques et l'organisation du travail, les nazis adoptent plusieurs mesures visant les domaines culturels, religieux et éducatifs de la société.


Le 22 juin 1933, le Comité national des associations de jeunesse allemande est dissous par décret. Les membres des associations qui le composaient sont répartis entre la Hitlerjugend (en français : " la jeunesse hitlérienne ") et la Bund Deutscher Mädel (en français : " la Ligue des jeunes filles allemandes ") pour les jeunes filles.

La jeunesse allemande enseigne la propagande nazie à la lettre et remplace petit à petit les missions de l'école, au point de faire des établissements scolaires un " complément ".


Le 22 septembre 1933, Joseph Goebbels, alors ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande du Reich, introduit la Reichskulturkammer (en français : " la Chambre de la culture du Reich ") qui modifie la mission de l'artiste au sein de la patrie. L'artiste doit dorénavant éduquer politiquement le pays.


Au cours de l'année 1933, les femmes allemandes sont incitées à quitter leur emploi salarié afin de les exclure de la société. Les associations de femmes sont dissoutes.


La réorganisation des organisations paramilitaires et de l'armée


Pour s'assurer un contrôle total des forces armées, le gouvernement du Reich interdit les organisations paramilitaires à l'exception de celles créées par les nazis. Parmi les organisations prohibées, on peut citer : la Reichsbanner (en français : " la Bannière du Reich "), les membres du Stahlhelm (en français : " casque d'acier ") et les paramilitaires du DNVP (parti populaire national allemand).



Conséquences


La Gleichschaltung a permis aux nazis d'accroître considérablement leur pouvoir et la maîtrise de la société en Allemagne notamment avec un Etat à parti unique (NSDAP). La rapidité de la " mise au pas " de la société allemande, a même surpris Adolf Hitler :


" ...tout va beaucoup plus vite que nous n'avons jamais osé l'espérer... "
Adolf Hitler

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