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La maison d'Izieu, un refuge pour les enfants Juifs



La maison d'Izieu ©  Laurie Schneider pour Their memory
La maison d'Izieu ©  Laurie Schneider pour Their memory

En mai 1943, Sabine et Miron Zlatin, en lien avec le réseau OSE, fondent la maison d'Izieu pour servir de refuge à des enfants juifs persécutés sous l'Occupation allemande. L’OSE (prononcez « OSÉ »​) est une association créée en 1912 par des médecins russes juifs et reconnue d’utilité publique depuis 1951. Elle se mobilise pour les populations vulnérables à tous les âges de la vie.


Située dans le petit village d'Izieu (dans l'Ain), alors sous occupation italienne, la maison d'Izieu est en zone rurale et ils pensent ainsi être en sécurité, loin des rafles des grandes villes. Elle n'est souvent qu'une étape temporaire dans un réseau de sauvetage plus vaste, parfois vers la Suisse.



Un refuge pour des centaines d'enfants


Une centaine d'enfants environ seront hébergés à la Maison d'Izieu, entre Mai 1943 et Avril 1944. Certains sont Français, d'autres viennent de Belgique, d'Autriche, d'Allemagne, de Pologne ou d'Algérie.


La colonie n'est pas vraiment clandestine ni cachée, son installation bénéficie d'ailleurs du soutien des autorités locales, qui les aident à trouver du mobilier et des cartes d'alimentation. Les enfants tissent des liens avec les villageois alentour et certaines fratries sont réparties entre la maison d’Izieu et des familles des villages environnants.



Le quotidien des enfants à Izieu


Le confort de la maison est assez rudimentaire, les bâtiments sont anciens, il n'y a ni eau courante ni chauffage à part de petits poêles. Mais la maison est située dans un petit village de campagne donc les enfants profitent des plaisirs simples de balades, jeux et baignades en pleine nature. L'ambiance y est familiale, un peu comme dans une colonie de vacances.


Les enfants occupent aussi leurs journées en cuisinant, en dessinant ou en écrivant à leurs familles. On retrouvera d'ailleurs de nombreux dessins et lettres qui font aujourd'hui partie d'une exposition.


Sabine Zlatin organise la scolarité des enfants hébergés. Dès le mois de Mai 1943, quelques adolescents sont internes du collège de Belley. Grâce à l'aide du sous-préfet, une classe est créée au sein même de la maison pour les enfants plus jeunes. Elle est gérée par la jeune Gabrielle Perrier, 21 ans seulement au moment de sa nomination en tant qu'institutrice. Comme le reste de la maison, la salle de classe est modeste : quelques pupitres et livres prêtés par des communes voisines, des ardoises, une carte, mais Gabrielle Perrier se contente de ce matériel pour enseigner.



La rafle du 6 Avril 1944


L’Italie capitule le 8 septembre 1943, l’armée allemande occupe aussitôt les départements de l’ancienne zone italienne. Dès lors, les persécutions antisémites s’y intensifient. Sabine Zlatin et l'équipe encadrante, sentant le danger approcher, cherchent alors une solution pour cacher les enfants.


Début 1944, la menace se rapproche avec de nombreuses arrestations dans les maisons d’enfants. Elles achèvent de convaincre Sabine Zlatin de la nécessité de disperser les enfants de la colonie. Le 2 Avril, Sabine est à Montpellier où elle espère trouver de nouveaux points de refuge, elle n'aura malheureusement pas le temps d'évacuer la colonie.


Le 6 avril 1944, les forces nazies, sous les ordres de Klaus Barbie (chef de la Gestapo de Lyon) font irruption dans la maison et arrêtent 44 enfants âgés de 4 à 17 ans ainsi que 7 adultes. Ils sont déportés dans les camps d'Auschwitz, Drancy et d'autres camps, où ils seront assassinés. Miron Zlatin et deux adolescents sont déportés en Estonie, puis fusillés dans la forteresse de Tallinn. Léa Feldblum, l'une des monitrices, survivra à sa déportation dans le camp d'Auschwitz. Ce sera la seule survivante de cette rafle du 6 Avril 1944. 


Klaus Barbie sera jugé en 1987 à Lyon et condamné à la réclusion à perpétuité pour crimes contre l'humanité, notamment pour cette rafle. Ce sera la première fois en France qu'un homme sera jugé pour crimes contre l'humanité. Le procès de celui qu'on surnomme « le boucher de Lyon » durera 9 semaines et sera très médiatisé.



La maison aujourd'hui : un lieu de mémoire


Peu après la rafle, Sabine Zlatin revient à Izieu et ramasse les lettres, les dessins des enfants et les documents qu’elle y trouve éparpillés. L’histoire des enfants de la Colonie d’Izieu devient connue dans le monde entier, suite aux procès de Nuremberg en 1945 et à celui de Klaus Barbie. Au lendemain du procès se constitue l’association du « Musée-Mémorial des enfants d’Izieu », qui fera l’acquisition de la maison deux ans plus tard. 


En 1992, le président de la République, François Mitterrand, inscrit au programme des Grands Travaux le projet d’un musée en hommage aux enfants d’Izieu pour en faire : « Un lieu de mémoire, d’éducation et de vie ». Ce musée-mémorial ouvre en 1994.



Que peut-on y voir aujourd'hui ?


La Maison d'Izieu est désormais un lieu d'éducation contre l'antisémitisme et les discriminations. Les visiteurs peuvent découvrir la maison historique, conservée en l'état, avec l’exposition poignante des objets, dessins et lettres d'enfants. Il y a également une exposition permanente sur la déportation des enfants juifs et la rafle du 6 avril 1944.


Dans la grange attenante, un centre de documentation à été créé pour approfondir la recherche historique et la pédagogie sur la Shoah. On peut aussi écouter des témoignages et films documentaires pour mieux comprendre le contexte historique.


Elle accueille les scolaires et les visiteurs pour transmettre la mémoire des enfants victimes du nazisme. La Maison d’Izieu fait partie des grands lieux de mémoire de la Shoah en France et est aujourd'hui classée « Monument Historique ».

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