Vue aérienne de la flotte alliée engagée dans l'opération Overlord de débarquement sur les côtes normandes · © AFP
Le débarquement du 6 juin 1944 ne s’est pas fait sur un coup de tête des Alliés. Il a été très travaillé et débattu. Ainsi lorsque l’Allemagne nazie perd du terrain, notamment après le débarquement allié en Afrique du Nord menant ensuite à la victoire d’El-Alamein, et ainsi qu’à l’Est à Stalingrad en 1942.
Fort de ces succès les Alliés se réunissent lors de la conférence de Casablanca en janvier 1943, on y trouve Roosevelt, Churchill, De Gaulle et Staline, pour parler des suites du conflit. Ces derniers pensent qu’il est nécessaire pour vaincre Hitler et bien de battre ses alliés qui sont l’Italie de Mussolini et le Japon Impérial.
C’est ainsi que dans ce contexte se déroule le débarquement en Sicile, en juillet 1943. Les rouges avancent aussi mais peinent après être arrivé devant Kiev. Staline réclame l’ouverture d’un nouveau front, pour prendre en étau l’Allemagne. Les Alliés se réunissent de nouveau, sans convier la France, à la conférence de Téhéran, le 1er décembre 1943. Ils parleront d’un possible démembrement de l’Allemagne en fonction de zones d’influence, refuseront le plan anglais d’attaquer en Méditerranée et dans les Balkans mais aussi de la possibilité de faire un débarquement en Normandie.
La Normandie, pourquoi ? Car le commandement Allié voudrait installer une tête de pont sur les plages pour ensuite prendre le port en eau profonde de Cherbourg pour amener hommes et équipements. Cette région protège également des vents violents venant du Calvados et offre un bon réseau routier et ferré. La Normandie est aussi la partie la moins protégé du mur de l’Atlantique réalisé par les nazis sous le commandement de Rommel mais comporte quand même de fortes contraintes liées aux falaises qu’elle possède sur les plages ainsi qu’aux pièges et blockhaus allemands. Cette partie est également protégé par d’anciens soldats soviétiques donc moins de convictions au combat.
Hitler croyait que le débarquement qui allait se faire, allait se dérouler dans le Pas-de-Calais, dans le Nord, car c’est l’endroit le moins éloigné de l’Angleterre mais aussi parce que cette région est proche de la Ruhr, le cœur de l’industrie Allemande. Les Alliés feront tout pour le lui faire croire, ils placeront même toute une armée « gonflable » en face de la région. C'est l’opération Fortitude.
C’est ainsi que plus de 3.5 millions d’hommes sont venus en Angleterre sous le commandement du général Eisenhower, après que les alliés aient eu le contrôle des airs, pour participer à l’Opération Overlord, en attendant le Jour J.
La date du débarquement va beaucoup changer, passant de mai mais il n’y pas assez de barges, à début juin, le 5 mais le 3 il y a une impressionnante tempête. En plus de cela, il faut ajouter les difficultés d’organisation comme avec le largage des parachutistes la nuit, le débarquement et bombardements aériens et navals de jour, mais aussi qu’il y une marée qui détruise une première fois les obstacles allemands puis une deuxième pour amener une deuxième vague de renforts. Eisenhower décidera d’attaquer le 6 car il faudrait attendre un mois de plus pour retrouver ces conditions malgré la possible inefficacité de l’aviation à cause des nuages présents.
Les Alliés préviendront de plus les résistants français en leur disant à la BCC, deux vers de Verlaine, le premier quelques jours avant et le second quelques heures avant : « Les sanglots longs des violons de l'automne / Blessent mon cœur d'une langueur monotone ».
L’opération Neptune, qui est l’opération pour transporter hommes et matériels à travers la Manche est placée sous le ordres du commandant en chef de la flotte alliée, l’amiral Ramsay. La flotte est divisée, l’amiral Kirk commande le secteur américain et devra se diriger vers la Force U (pour Utah) positionnée à Plymouth, et la Force O (pour Omaha) positionnée à Portland. L’amiral Vian dirige le secteur anglo-franco-canadien et devra se diriger vers la Force S (pour Sword) positionnée à Portsmouth, la Force G (pour Gold) positionnée à Southampton, et la Force J (pour Juno) positionnée à l’île de Wight. Ils devront ensemble se diriger au point Z, situés à 30 km de l’île de Wight avant de se diriger vers leurs plages. Le 4 juin, la flotte prend le large mais est vite rappelée par les avions alliés pour faire demi-tour car les conditions sont très mauvaises. Cependant, une escadre ne reçoit pas l’ordre et continue sa progression. Par signaux lumineux des avions leur indiquent le nouvel ordre, permettant d’éviter l’échec de l’opération. Voyant des accalmies, le débarquement aura bien lieu le 6 juin. Le 5, la flotte de 6 939 navires de guerre et de soutien (4 126 bateaux et barges participent à la phase d'assaut des plages) repart, elle est englobée de fumée par les avions alliés pour ne pas que les radars et sous-marins allemands la détecte. Les bâtiments possèdent des ballons au-dessus d’eux, protection contre la Luftwaffe, le câble qui le tient pourrait couper les ailes de ces avions en cas de raids.
Sur les flancs, on compte 24 destroyers, des patrouilles anti-sous-marins et des garde-côtes pour protéger les convois. Une escadre de 2 cuirassés, 8 croiseurs et 20 destroyers est en mer du Nord pour s’opposer à une intervention de la Kriegsmarine. Pour tromper l’ennemi, une escadre de petites embarcations envoyant de fausses communications se dirige vers les côtes au nord de la France. Minuit, à l’aube du 6 juin, l’armada arrive, elle se stoppe à 10 000 nautiques des plages (environ 18.5 km) malgré la détection de la force S par 4 E-Boote qui envoient leurs torpilles et coule un navire de guerre norvégien, les autres bâtiments retournent dans le nuage de fumée sans faire de perte.
A 04h30, des soldats de la Force U prennent les îles de Saint-Marcouf, placés à quelques kilomètres d’Utah Beach pour soutenir le débarquement prochain. Les soldats alliés embarquent dans les chalands de débarquement, en attendant l’ordre de mouvement vers les plages. 05h10, débute le tir de l’artillerie navale jusqu’à 05h50, avant que les opérations de débarquement ne commencent à 6h20.
Ce sera ainsi 156 177 hommes (dont 23 000 par air) qui débarqueront sur les plages normandes faisant par la suite 10 600 tués, blessés ou disparus dans les rangs alliés le seul jour du D-Day.