Le plan Dawes signé le 16 août 1924 à Paris a été élaboré par un comité d'experts financiers issus des pays alliés, réunis à Londres dès le début de l'année 1924.
Il modifie le calcul des dédommagements financiers dus par l'Allemagne pour les réparations de la Première Guerre mondiale, afin de tenir compte de la performance économique de la République de Weimar.
Le plan prévoit également le retrait des troupes françaises de la région allemande de la Ruhr qu'elles occupent depuis janvier 1923.
En parallèle, un emprunt international est émis sur le marché obligataire américain, ce qui permet à l'économie allemande de renouer avec la croissance. Le plan Dawes est remplacé par le plan Young en 1929.
Contexte
Le plan Dawes est initié par les gouvernements américains et britanniques en 1923 qui sont effrayés de la situation de l'Allemagne en proie à l'hyperinflation et le désordre politique intérieur.
Il est élaboré par un comité d'experts financiers issus des pays alliés présidé par l'Américain Charles Dawes en association avec l'Allemand Hjalmar Schacht.
Le plan prend comme base de travail le traité de Versailles signé le 28 juin 1919 dont les articles 231, 233 et 234 et les annexes moratoires prévoient une somme équivalente à 20 milliards de marks d'or au nom des réparations de retard.
Les premiers versements de l'Allemagne devaient débuter le 1er mai 1921 mais l'Allemagne se déclare insolvable. En compensation, la Belgique et la France décident d'occuper la région de la Ruhr en Allemagne à partir de janvier 1923. Cette occupation est contestée par la jeune République de Weimar qui soutient financièrement la résistance à cette occupation, entraînant rapidement une crise de l'économie allemande, une importante dévalorisation du Mark et un renforcement des extrêmes politiques nationalistes et communistes.
Le comité
Composition
Le comité est constitué par Charles Dawes à la demande de la commission alliée chargée des réparations pour trouver une solution au défaut de paiement des indemnités dues par l'Allemagne.
Charles Dawes contacte différents représentants issus des pays alliés : les Belges Maurice Houtard et Émile Francqui, les Français Jean Parmentier et Edgard Allix, les Britanniques Josiah Stamp et Robert Kindersley, les Italiens Alberto Pirelli et Federico Flora, les Américain Owen D. Yong et Charles Dawes qui pris la présidence du comité.
Travail
Les membres se réunissent dès la fin de l'année 1923 à l'hôtel Astoria situé à Paris qui était également le siège de la commission alliée des réparations. Le comité rend un premier rapport le 8 avril 1924 qui est soumis aux différents gouvernements alliés puis aux représentants allemands.
Le comité se réunit également à la conférence de Londres qui se déroule du 16 juillet au 16 août 1924 en présence de l'Allemagne qui est invitée pour la première fois depuis la fin du conflit à rejoindre la table des négociations en tant que puissance souveraine.
Différents membres du gouvernement allemand sont présents, comme le chancelier Wilhelm Mar, le ministre des Affaires étrangères Gustav Stresemann et le ministre des finances Hans Luther. Des représentants alliés (américains, belges, britanniques, français et italiens) sont également présents.
Décisions
Le plan est signé le 16 août 1924 par les différents partis et est ratifié par l'Allemagne le 1er septembre 1924. Il prévoit les décisions suivantes :
L'occupation de la région de la Ruhr par les forces militaires françaises et belges doit cesser, l'Allemagne peut récupérer son charbon ;
Les indemnités de guerre dues par l'Allemagne, d'un total de 20 milliards de marks-or sont échelonnées dans le temps ; la première partie du versement d'un milliard de marks-or sur les cinq premières années (1919-1923),puis un second versement de 2,5 milliards de marks-or la sixième année (1924) puis sur le même fonctionnement des versements annuels jusqu'à amortissement total du nominal et des intérêts ;
La Reichsbank, banque centrale allemande de 1876 à 1945, est réorganisée sous la supervision des Alliés ;
Les capitaux de la première annuité de dédommagements incluent les ressources issues des transports, des droits de douanes ;
L'Allemagne à l'autorisation de souscrire un premier prêt de 200 millions de dollars, sous la forme d’une série d'émissions obligataires sur les marchés financiers dont le marché américain.
Conséquences
Le plan Dawes est initié strictement dans un accord économique et financier pour permettre de satisfaire le débiteur, l'Allemagne, et les créditeurs, les Alliés sur la question du remboursement de la dette allemande.
La Reichsbank est également réorganisée et est devenue indépendante par rapport à l'Etat allemand. Son fonctionnement est modifié afin que 7 des 14 administrateurs soient issus de pays étrangers. L'Etat allemand ne peut plus recevoir de crédit de la banque centrale sans garantie sur le remboursement. Les transactions et émissions de billets par la Reichsbank sont garanties par une encaisse or ou devise convertible en or garantie par les commissaires étrangers.
En fin d'année, le prêt de 200 millions de dollars arrive dans les caisses de la Reichsbank, comme fonds de garantie.
Les réparations de guerre sont aménagées car 55 % de celles-ci doivent être versées en or ou en devises convertibles, le solde pouvant être payé en nature (ressources minières, agricoles...).
Ces versements sont sous la surveillance de l'américain, Seymour Parker Gilbert nommé agent général des réparations allemandes.
La Reichsbahn, société nationale des transports ferroviaires allemands est transformer en société anonyme sous contrôle étranger à 50 % du conseil d'administration.
Entre 1925 et 1929, 5 milliards de dollars d'investissement sont réalisés en Allemagne notamment par les Américains sous la forme de lettre de crédit. Dès 1926, l'industrie minière et sidérurgique allemande redevient la plus puissante en Europe continentale.
En 1928, les versements de l'Allemagne passent d’un milliard de marks d'or à 2,5 milliards de marks d'or, et en parallèle la dette publique de l'Allemagne et son intérêt augmente.
Sous la pression de l'opinion, le gouvernement allemand conteste la somme, ce qui conduit la Commission interalliée de remboursement a initié un nouveau comité qui conduit à un nouveau plan : le plan Young.
Ce plan ne rentrera jamais en application du fait de la crise de 1929 qui entrainera l'effondrement d'une partie du système bancaire, de nombreuses entreprises endettées mais aussi le changement de régime politique en Allemagne à la fin de l'année 1932 et l'avènement du Troisième Reich.