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Le Service du travail obligatoire

Florient Defosse

Convocation des mobilisées portant le sceau de l'Etat français · © CGES / BNF / BDIC / 2016 Albertas Limited

La création du STO, en février 1943, donne lieu à un affrontement idéologique entre la propagande de Vichy visant à faire accepter une loi impopulaire et les actions de la Résistance, qui trouve là un parfait levier d'insurrection.



La propagande du Service du travail obligatoire


Vichy, collaborateur avec le régime d'Hitler


L'utilisation de la main d'œuvre étrangère au service de l'économie de guerre allemande est un fait social majeur de la Seconde Guerre mondiale qui concerne tous les pays occupés par le régime nazi. Si la France, comme les autres pays occupés, doit répondre aux demandes de plus en plus pressantes de l'occupant, elle se distingue cependant par la nature de son régime, né de la défaite, et de son choix, dès l'automne 1940, de collaborer. Ce point est important étant donné l'existence de pressions depuis la loi du 16 février 1943, instaurant le Service du travail obligatoire (STO), ne fait pas l'objet d'une ordonnance allemande comme c'est le cas en Belgique, mais est instituée par Vichy.


On dénote également une très grande production d'articles et d'affiches mettant en avant le STO. Rappelons, qu'en ce début d'année 1943, Stalingrad stop net les Allemands à l'Est et les Américains enchaînent victoire sur victoire dans le Pacifique, ce qui inverse le rapport de force entre l'Axe et les Alliés. C'est dans ce contexte, que Vichy est obligé de redoubler d'efforts pour persuader les français de contribuer à l'effort économique allemand.


De l'éden promis à l'enfer du départ


En quelques semaines, le simple rendez-vous de présentation à la mairie se transforme en rassemblements obligatoires dans les parcs des casernes. Entassés et inspectés lors de visites médicales à la chaîne, on rassemble tous les hommes nés entre 1920 et 1922 pour les envoyer le plus rapidement possible vers les usines éloignés à l'est de l'Allemagne. Néanmoins, le traitement réservé aux travailleurs de l'Ouest reste "humain" en comparaison au sort réservé aux travailleurs des territoires occupés à l'Est de l'Allemagne qui sont considérés par les nazis comme les plus bas de l'échelle sociale. En réalité, à l'Est, quasiment aucun soin n'est apporté aux conditions de vie, ce qui rappelle le sort des prisonniers soviétiques.



La résistance, acteur de l'impopularité de la loi du STO


De Gaulle et Libération, porte-paroles de la voix résistante.


Faites tout ce que vous pouvez pour échapper à l'ennemi, ou si c'est impossible, pour le tromper, lui nuire, l'induire en erreur. Groupez-vous avec discipline dans dans les organisations de résistance qui représentent la France combattante de l'intérieur.
Discours du général De Gaulle, à la date du 9 mars 1943 publié dans la presse clandestine Libération

On rafle sur le boulevard, on empoigne à domicile. On empile ces "spécialistes" dans des cars comme du bétail de correctionnel, on les parque dans un cour de caserne, on leur fait "passer la visite" comme à des filles publiques et on les expédie en vrac en Allemagne.
Publication de Libération à l'annonce de la loi du Service du travail obligatoire démontrant l'impopularité de cette loi

Les figures emblématiques, réels leviers de l'insurrection française


La résistance à la loi du Service du Travail Obligatoire (STO) s'est intensifiée avec l'implication de figures emblématiques telles que le général De Gaulle et des publications clandestines comme Libération. De Gaulle encourageait ouvertement la population à résister à l'ennemi, soulignant l'importance de l'organisation au sein des mouvements de résistance. Son discours du 9 mars 1943 appelait à l'évasion et au contournement des mesures du STO.


Les publications de Libération, en particulier, reflétaient l'indignation face à la loi du STO. Les descriptions de rafles brutales dans les rues et des arrestations à domicile étaient dénoncées, soulignant la manière inhumaine dont les hommes étaient traités comme du "bétail de correctionnel". Les conditions de rassemblement dans les casernes et les visites médicales étaient décrites de manière sarcastique, mettant en lumière le mépris des autorités envers ceux qui étaient soumis à cette loi impopulaire.



Conséquences


L'impopularité croissante du STO était ainsi alimentée par les témoignages concrets de la dure réalité imposée aux travailleurs, renforçant le sentiment de révolte au sein de la population. La résistance, avec ses appels à l'évasion et ses critiques acerbes, jouait un rôle crucial dans la mobilisation contre cette loi, faisant du STO un levier majeur d'insurrection contre le régime collaborateur de Vichy. Même si cette loi était impopulaire, elle a obligé des milliers de jeunes hommes à partir vers l'Allemagne pour participer à la machine de guerre économique du Troisième Reich.

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