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Larissa Rahelison

Les enfants de la Libération et de la Résistance en France


Photographie d'un jeune résistant en Haute-Loire, France, entre 1939 et 1944 © Getty - Keystone-France

Aujourd’hui, des souvenirs de la Seconde Guerre mondiale refont à nouveau surface, décrivant des scènes épineuses et marquantes. Entre les civils ayant survécu aux atrocités de la guerre et les soldats ayant combattu pour leur nation, une jeunesse innocente a été également touchée par les événements et les conséquences en ces temps difficiles. Fuites, peurs, séparations, engagements, privations…ce sont là des épisodes que les enfants de la Libération et de la Résistance en France décrivent leur enfance.



Les petits innocents de la France : une jeunesse détruite par des fragments liés à la guerre


Le quotidien des civils durant la Seconde Guerre mondiale fut difficile. En ce temps de guerre, les circonstances assombrissant l’environnement ne permettaient pas aux habitants de construire une vie paisible ni de connaître les vrais délices du bonheur.


Les conflits à répétition furent d’autant plus un frein pour la jeunesse. La perception et la mémoire d’un enfant sont totalement différentes de celles d’un adulte. Avoir été témoin des atrocités de la guerre en tant que mineur, l’atrocité des conflits est perçu comme étant une cicatrice marquée au fer rouge.


Aujourd’hui, de nombreux individus, autrefois enfants durant la Seconde Guerre mondiale, se remémorent à nouveau des instants terribles. Pourtant, certains de ces souvenirs contenaient des moments pourvus de joies amèrement éphémères.


À ce jour, des révélations ne cessent de resurgir sur les événements ancrés entre 1939 et 1945.


Une scolarité hors du commun


8 ans, 12 ans ou 14 ans, ces individus autrefois mineurs, aussi connus sous le nom « les enfants de la Libération » en France, nous guide vers les secrets de leur mémoire.


Bon nombre d’entre eux n’ont pu insuffler la douceur d’une enfance courante. Cela a été le cas de Jean Pivain, 94 ans. Originaire de Cherbourg, l’homme redessine encore l’image de la Normandie. Du haut de ses 14 ans au moment de la Libération, Jean Pivain revoit son village en ruines à la suite des combats. 


Le jour du débarquement, le 6 juin 1944, tandis que le jeune garçon vivait en pension à Saint-James, soit 150 kilomètres au sud de son village natal, celui-ci entend encore la voix de son professeur de mathématiques, annonçant l’arrivée des Anglais sur les côtes du Calvados. Durant cette période, afin de protéger au mieux les enfants des combats et des bombardements, le maire de Saint-James ainsi que le directeur de la pension avaient décidé de répartir les petits dans les fermes localisées dans les alentours.


Toutefois, le souvenir le plus saillant pour l’homme de 94 ans, et qui, pourtant semble anodin, a été les masques à gaz. Pour un enfant naïf marchant sur le chemin de l’école, porter cet accessoire était « amusant. »


« C'était presque un jeu d'avoir notre masque à gaz, avec notre cartable. » - Jean Pivain

La communauté juive dans l’ombre


Porter une identité juive durant la Seconde Guerre mondiale a été la problématique la plus lourde. Cela contraignait pour un bon nombre de juifs, dont en France, de fuir et de se cacher de l’armée allemande.


Cela fut le cas d' Eddy Saragoussi. Cette dernière avait 12 ans en 1942. Juif de sang au sein de sa famille, la femme se rappelle encore de cette période où elle se voyait face à la police à l’entrée de son domicile dans la capitale, Paris. 


Cependant, Eddy Saragoussi ainsi que son frère, encore enfants à l’époque, eurent la chance d’être recueillis par un couple : Lucienne et Raymond Guyollot, à Appoigny.

Bien qu'ils furent sauvés des mains de la police, les enfants perdirent leur mère ainsi que leur père.


Ce n’est qu’après la Libération qu’Eddy Saragoussi et son frère ont attendu avec tant d’espoir, mais baigné de peur, le retour de leurs parents. 10 ans plus tard, les certificats de décès de leurs parents arrivent à eux, confirmant que ces derniers ont été déportés par le convoi 44 du camp de Drancy le 9 novembre 1942 à destination du camp d’Auschwitz.


Les enfants de la Libération et de la Résistance : les spectateurs de la guerre


Les événements courants dans les rues faisaient échos entre les bombardements, les tirs et les explosions des combats. Ces scènes atroces et violentes résultaient fréquemment sur des conséquences macabres.


Cela fut le cas pour Odette Vivier, aujourd’hui âgée de  91 ans. Cette dernière n’avait que 11 ans quand le Débarquement prenait de l’ampleur sur les plages de Normandie.


La femme raconte la peur et la crainte au quotidien. Une vision d’horreur refait surface dans l’esprit d’Odette Vivier où celle-ci ainsi que d’autres enfants se promenaient dans les rues, et face à eux se trouvait une botte dans laquelle une jambe était à l’intérieur.


Odette Vivier partage un second souvenir aussi sinistre dans lequel l’angoisse de la vie aux côtés des Allemands fut omniprésente. En effet, celle-ci se rappelle d’une exécution collective à Saint-Lô. L’armée allemande transportait des cadavres vers la maison des parents d’Odette qui se trouvait en face du cimetière. La femme revoit à nouveau l’image barbare du sang sortant par l’arrière du camion des ennemis nazis.


« Le sang sortait par l'arrière du camion, non ce n'était pas possible. » - Odette Vivier

L’impact des restrictions sur le quotidien des civils


En ce temps de guerre, les habitants de France furent dans l’obligation de s’adapter à de nombreuses restrictions. Cela s’appliquait principalement pour l’alimentation sur le sol français.


L'armée allemande tirait profit du peu de vivres présents dans les villes et villages. Odette Vivier se rappelle encore de la difficulté à observer les Allemands emporter la quasi-totalité des pains préparés par les fermiers, laissant derrière eux qu’un petit bout de pain pour les civils.


Ce n’est qu’après la Libération que la quantité de vivres fut abondante pour nourrir tous les citoyens. Jean Pivain regoûte une seconde fois à ses beaux souvenirs de cette époque au moment où la vie reprit son cours. L’homme raconte que les civils commençaient à manger de nouveau des oranges et du chocolat, des produits auparavant inaccessibles pour tous pendant 4 ans.



La perception de la joie et de l'espoir dans le regard d’un enfant


Pour la jeunesse innocente au cours de la Seconde Guerre mondiale, la recherche du bonheur semblait être un défi majeur.


Manifestement, l’âme d’un enfant, quels que soient les obstacles présents sur leur chemin de vie, perçoit incessamment une once de gaieté et de lumière.


Les Alliés, le miracle de la jeunesse


La présence de la Résistance dans les rues fut un soulagement pour les civils. L’arrivée des forces alliées était d’autant plus un signe d’espoir et de joie pour les enfants.


Ce fut le cas d’Andrée Perrot, 12 ans en 1944, durant le Débarquement en Provence. La femme se remémore l’approche des parachutistes américains. Celle-ci les avait croisé à Callian, près de Toulon. Ces mêmes paras furent la plus belle représentation de l’espoir, de la lueur et du bonheur dans la terreur. À cette époque, Andrée Perrot les percevait comme étant « un halo de lumière » à travers leurs sourires et leurs tenues.


Les aires de jeux en plein coeur des combats


En dépit de l’environnement lugubre enveloppant les rues et pavés, la jeunesse de l’ère de la Résistance et de la Libération s’adaptait malgré tout au climat afin d’élaborer un semblant d’amusement entre eux.


Philippe Leturcq ainsi que ses camarades furent suffisamment créatifs en ce temps de guerre pour jouer ensemble entre les ruines. L’homme n’avait que 8 ans à cette époque. Réfugié chez sa tante Jacqueline en quasi-liberté avec ses frères, soeurs et cousins, à des kilomètres de la ville de Lorris, Philippe Leturcq raconte ses souvenirs de joyeuseté et de vie à la campagne. C’était en août 44, alors que les enfants demeuraient conscients que les Allemands occupaient la ville de Lorris, cela ne les empêchait pas de savourer les instants significatifs des grandes vacances : s’amuser.


« Pour moi, août 44, c'étaient des grands jeux. Ça a été des grandes vacances. » - Philippe Leturcq

La créativité des enfants pour se divertir est un atout sans précédent. Cela a notamment permis à ces derniers de se divertir malgré le manque d’accessoires. Philippe Leturcq se revoit jouer aux côtés de ses camarades, munis seulement de bouts de bois taillés pour construire des cabanes. 



Des enfants engagés dans la Résistance pour leur nation


Le recrutement dans le Résistance n’imposait pas de limites, tant dans le genre des individus que dans l’âge des soldats engagés.


Cela s’adressait notamment aux mineurs. En effet, des enfants et des adolescents faisaient partie de la Résistance. Pour divers motifs, tels que l’accord des parents, l’inconscience ou le courage, bon nombre d’entre eux ont rejoint les rangs de la France libre en tant que combattant.


Quand la jeunesse reprend le flambeau familial


La Résistance s’est graduellement renforcée en associant de jeunes résistants. Bon nombre d’entre eux ont succédé à leurs parents pour différentes raisons, notamment pour des raisons de santé ou des arrestations.


Ce fut notamment le cas de Josette Torrent, qui à l’époque avait 12 ans en 1943, a repris le flambeau de son père afin de le remplacer dans la Résistance et tout particulièrement pour sa nation.


« Quand j’ai aidé mon père dans la Résistance, c’était pour aider la France. » - Josette Torrent

La jeune fille avait pour mission de se rendre à la place de son père à certains points de rendez-vous tels que le tunnel lugubre et étroit localisé près de la gare de Perpignan afin de transmettre des enveloppes comportant des messages dont elle-même ignorait le contenu.



Les enfants de la Libération et de la Résistance à ce jour : une pleine conscience sur les petites simplicités de la vie 


Face à un conflit mondial, de nombreux enfants ont éveillé en eux une conscience au-delà de la maturité et sur plusieurs points.


L’absence d’un proche, le manque d'amusement et de douceur sur le palais des enfants ont permis à ces derniers de réaliser l’importance des petites simplicités de la vie. Cela s’applique notamment à la joie que peut procurer la liberté ou tout simplement le plaisir de savourer un bout de chocolat à la fois doux et réconfortant après avoir affronté les terreurs du quotidien.


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