
Si de nos jours Libération n’est qu’un journal parmi tant d’autres, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, ce titre de presse est né d’un mouvement de résistance français, Libération-Sud, créé à l’automne 1940.
Aux origines du mouvement
L’histoire d’un des trois plus importants mouvements de résistance français de la Seconde Guerre mondiale commence dans un café de Clermont-Ferrand. À sa tête, le journaliste aristocrate issu de l’extrême droite Emmanuel d’Astier de la Vigerie. Entouré dès les prémices du mouvement par des personnalités comme le philosophe Jean Cavaillès, l’universitaire et historienne Lucie Aubrac, ou encore George Zérapha, fondateur de la Ligue Internationale contre le racisme et l’antisémitisme LICRA, et fervent opposant à l’antisémitisme, le mouvement n’est pas encore vraiment organisé. Il se caractérise surtout par ses positions très radicales et critiques envers le régime de Vichy, contrastant ainsi avec une grande partie des mouvements de la zone sud.
Du mouvement au journal
C’est à peine un an plus tard, à l’été 1941, que le journal Libération apparaît ; donnant dans la foulée son nom à Libération-Sud. Son premier numéro est tiré à 10 000 exemplaires, vendus clandestinement, atteignant par la suite les 200 000 exemplaires; ce qui fera de Libération le second journal clandestin le plus vendu de la zone sud, juste derrière Combat.
Grâce à la nomination, en novembre 1943, d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie comme commissaire à l’Intérieur sous de Gaulle, le mouvement Libération-Sud prend de l’importance et renforcera considérablement son influence.
Ce journal a pour particularité de rassembler des militants de tous horizons. Des syndicats comme la CGT ou la CFTC rejoignent des intellectuels, des membres du Front Populaire et même des communistes à partir de 1942. Cette spécificité est une véritable force pour le mouvement, dont le journal est le noyau central : toute l’activité du mouvement s’articule autour de lui.
Des mots aux armes
Ce ne sera qu’en 1942 qu’une branche armée du mouvement sera créée et confiée à Raymond Aubrac.
La zone d’action est structurée en 7 régions, ce qui participe à l’organisation du mouvement de résistance et à sa rapide expansion. Deux régions sont particulièrement actives : celle autour de Lyon et celle autour de Toulouse. Le cadre de l’action est vaste. Dans un document datant de 1942 et intitulé Rapport AX.03, “Organisation générale des secteurs”, d’Astier de la Vigerie définit ce cadre en différents points; montrant la qualité de l’organisation du mouvement qui voit sa notoriété croître. Manifestations, sabotages, grèves, protections et mises à l’abri des Juifs menacés, actions brutales contre des ennemis… Le mouvement prend de l’ampleur et diversifie ses actions.
Dans la foulée de la nomination d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Libération-Sud rejoint les mouvements Combat et Franc-Tireur pour former les Mouvements Unis de Résistance (MUR).
Le journal cesse de paraître en 1964. Au cours de l’année 1973, Serge July, ainsi qu’un certain Jean-Paul Sartre décident de relancer le titre de presse, qui deviendra peu à peu le Libération que nous connaissons aujourd’hui.